La presse écrite payante française devrait globalement passer dans le rouge dès 2010-2011 et pourrait accuser une perte de 700 à 800 millions d'euros à l'horizon 2015, selon une étude du cabinet de conseil en stratégie OC&C Strategy Consultants publiée mercredi.
"Depuis des années, la presse écrite s'est contentée d'un modèle économique peu performant, aujourd'hui elle dispose d'une faible marge de manoeuvre pour prendre les options stratégiques qui s'imposent afin de préparer les années à venir", préviennent les auteurs de l'étude.
De 2000 à 2007, le secteur de la presse écrite payante en France (presse quotidienne d'informations générales, presse payante d'annonces, presse magazine grand public) a vu son chiffre d'affaires global stagner autour de 8 milliards d'euros (-0,4%).
La diffusion a diminué de 2% par an, une érosion compensée par une "augmentation régulière" du prix de vente au numéro (+2,3% entre 2002 et 2007).
Les revenus publicitaires du secteur ont progressé moins vite que le reste du marché et ont commencé à décliner avec l'arrivée d'internet.
En outre, les spécificités du système français en matière d'impression et de diffusion pèsent sur la rentabilité du secteur en entraînant un "surcoût de l'ordre de 300 millions d'euros", selon les auteurs de l'étude.
Selon les auteurs, 20 à 25% des investissements publicitaires français pourraient se faire sur internet à l'horizon 2015.
La migration des petites annonces vers le web devrait notamment entraîner une chute des revenus de la presse quotidienne régionale, dont le chiffre d'affaires passerait de 2,74 milliards d'euros en 2007 à 2,47 milliards d'euros en 2015.
Globalement, "l'évolution des revenus publicitaires devrait faire plonger le secteur dans le rouge dès 2010-2011 avec en perspective de l'ordre de 700 à 800 millions d'euros de pertes en 2015", prévoit l'étude.
Selon les auteurs, "la baisse des revenus accessibles dans un secteur à forts coûts fixes entraîne inévitablement la concentration du secteur autour de quelques grands acteurs".
Les coûts éditoriaux "devront s'amortir sur de nombreux supports" et les groupes médias "doivent rapidement se constituer un portefeuille internet avant que les acteurs étrangers ne le fassent", estiment-ils.
Or globalement, la presse française est "faible face aux groupes de médias européens", avec trois groupes parmi les vingt premiers (Lagardère 5e, Groupe Hersant Media 18e et La Vie-Le Monde 19e).
En outre, sa migration sur internet est "moins avancée que celle des groupes anglais et allemands", préviennent les auteurs, selon lesquels les groupes français "doivent lancer des acquisitions au plus vite pour construire leur portefeuille internet".
LES ECHOS.FR
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